Prenoms possessifs

Prénoms possessifs

Etat civil. Démodé, bourgeois, familial… comment vivre avec son petit nom ?

Marie-Joëlle Gros, Catherine Mallaval et Emmanuèle Peyre

Libération, lundi 15 octobre 2007

  Tout le monde ne peut pas s’appeler Clara ou Mathéo et être en tête du top 10 des prénoms les plus en vogue, à en croire la toute nouvelle livraison de La Cote des prénoms en 2008 (éditions Michel Lafon). Et alors? C’est grave d’être une fille dont le prénom ne se termine pas par un «a» ou un garçon sans «o» (comme Théo, Hugo) ou «ane» (tels Kyllian ou Ryan) ? Sérieusement, les modes passent, mais chacun a surtout une façon très personnelle de vivre son petit nom. Et ce, au delà de l’évidente connotation sociale que certains trahissent (non, ça n’est pas pareil du tout de s’appeler Kevin ou Cindy que Clémence ou Pierre-Henri). Témoignages à l’appel… (par ordre alphabétique).

Anne-Sophie

«Ça fait petite fille modèle.»

Bérangère

«Je suis plutôt fan aujourd’hui. Mais petite j’étais dégoûtée parce que dans les livres scolaires, il n’y avait jamais de Bérangère, c’était toujours Luc, Jérôme ou Lucie a quatre bonbons…»

Constance

«Quand j’étais petite, je détestais le fait que ce soit lourdingue et pompeux, et finalement maintenant j’aime bien le côté chic et bourge.»

David

«Je vis bien mon prénom de roi des juifs, poète et musicien, le nom juif par excellence. Plutôt une fierté de le porter. Depuis tout gamin, j’ai toujours aimé la force de ce prénom qui annonçait tout de suite la couleur.»

Delphine

«Les Anglais m’appellent “dolphin” c’est plutôt marrant.»

Françoise

«On ne peut pas dire que je raffole de mon prénom qui n’a aucune histoire familiale. Il était dans le vent au moment où je suis née et voilà. Surtout, quand on m’appelle Françoise, je n’ai pas toujours l’impression que c’est moi qu’on nomme tellement j’ai été habituée à autre chose. Mon mari m’a rebaptisée Olivia. Il trouve que ça me va bien.»

Jacky

«Je n’aime pas mon prénom, que je porte parce que mon frère avait un bon copain qui s’appelait comme ça. Je préférerais Jacques, mais je ne changerai jamais, ce serait trahir.»

Jean-Hébert

«Hébert, c’est pas un prénom, c’est un nom. Ça vient de Jacques Hébert, un radical qui dirigeait le journal le Père Duchesne sous la Révolution, qui n’est pas étranger à la propagation de la Terreur. Il s’est fait guillotiner… Mon père adorait l’histoire de la Révolution, et il était communiste, quasi stalinien. Il m’a toujours dit que ça venait de là. On est loin de Charles-Henri… Ma mère était furieuse quand il est rentré de l’état civil. Elle voulait m’appeler Olivier. Il y a trois ans, en demandant un acte de naissance, j’ai vu que je ne m’appelais pas Jean-Hébert, mais Jean (premier prénom) puis Hébert (comme un deuxième prénom). J’ai pas pu demander à mon père, il venait de mourir…»

Jean-Luc

«Ici, en Allemagne, on a une marque de magasins discount qui s’appelle Jean-Luc, il s’agit de produits en tous genres, gouda, produits surgelés ou laitiers… Je préfère penser à Godard.»

Jean- Pierre

«Oui je m’appelle Jean-Pierre et alors ? C’est comme si on me demandait si ça m’embête de perdre mes cheveux, je m’en fous. Dans la famille, c’est un prénom très lourd à porter. Jean, c’était le frère de ma mère, résistant, mort au combat, donc un héros indépassable. Et Pierre, c’est mon père, autant dire un autre héros tant qu’on l’a pas tué, etc. “JP” en revanche, c’est vraiment l’horreur absolue.»

Lily

«J’ai voulu m’appeler Marie pendant tout mon primaire. Je pensais que ce serait génial, d’être une Marie parmi les autres. Si mes parents trouvaient que mon prénom rimait avec des trucs mignons genre “mimi”, les autres enfants en revanche trouvaient que ça ressemblait à “pipi”. Maintenant ça va mieux, je m’y suis faite, et comme mon nom de famille est pire, le prénom je vis avec.»

 

Marie-Ange

«Je suis loin d’être un ange. Et collé à Marie, c’est le pompon. Un vieil instit, coco [communiste] et athée, m’appelait “Marie-Diable”. C’était tout aussi violent. C’est un prénom de femmes beaucoup plus âgées que moi. Quand je croise un vieux qui me dit : “Quand j’étais jeune, je connaissais une Marie-Ange”, c’est dur de répondre un mot gentil. Ce côté désuet ne colle pas du tout à ma personnalité.»

Nathalie

«Outre le boulet Gilbert Bécaud-Place rouge, l’horreur avec les prénoms générationnels, c’est qu’ils indiquent ton âge bien plus sûrement que les états civils. Tant que tu es fraîche et pimpante, tu t’en cognes mais dès lors que tu te fanes un peu, le millésime “Nathalie 1967” est un brin moins grisant. Pire tu frémis à l’idée que née vingt ans plus tard, tu aurais pu t’appeler Cindy ou Jennifer.»

Patrick

«J’ai toujours été très content de mon prénom parce que mon père voulait paraît-il m’appeler Luc, mais mes sœurs l’ont convaincu de changer d’avis en lui faisant réaliser l’horreur de l’anagramme… J’aime bien le côté irlandais (surtout pas anglais, s’il vous plaît) Le problème c’est les diminutifs : “Pat” ça va encore, mais j’ai dû subir pendant des années “Patounet” et “Patou”, qui n’est autre qu’un chien de berger des Pyrénées.»

Thierry

«J’ai échappé à Hervé (ce que voulait mon père) c’est déjà ça. Mais je trouve qu’il est chiant mon prénom. J’ai du mal à le prononcer. En anglais, je le déforme en Terry.»

Quelques réactions des internautes lecteurs de Libération :

 

marie madeleine

prénom
Je n'ai pas trouvé le mien. Je crois qu'il n'a jamais été à la mode ! je n'arrive pas à croire que mes parents pouvaient se pencher sur mon berceau et dire "fais risette marie-madeleine"! ... Lundi 15 Octobre 2007 - 16:31

jérôme

baisse sur "Nicolas"
Sondage : Depuis les élections, grosse baisse de cote de "Nicolas". "Brice" et "Cécilia" et "Rachida " décrochent complètement .... A suivre.... Lundi 15 Octobre 2007 - 16:44

 

 

Amine

Et les autres ?
Et les prénoms d'origine étrangère ? Ils sont pourtant très diffusés, notamment à Paris et dans les grandes villes. Hélas, ce papier montre encore le chemin à parcourir ... Lundi 15 Octobre 2007 - 16:00

Nat

Nathalie
Moi aussi je hais Becaud et sa place rouge qui a fait de mon prénom, rare et original dans les années 50, celles de ma naissance, un cliché années 60,  Lundi 15 Octobre 2007 - 16:10

 

nath m

générationnel
Je m'appelle Nathalie et je suis née en 1966. Je m'appelle comme cela bien évidemment à cause de la chanson de Gilbert Bécaud. Au collège et au lycée, j'ai connu les 5 ou 6 "Nathalie" dans une même classe... Lundi 15 Octobre 2007 - 15:52

alphonse

essaouira
une amie vient d'appeler sa fille essaouira...... Lundi 15 Octobre 2007 - 15:44

laloune

@ Fatima
Entièrement d'accord avec vous... et entre nous je préfère entendre une mère appeler son enfant Rachid, Salim, Nabil, Fatima, Fouzia, etc... que les immondes Jason, Dylan, Jimmy... ... Lundi 15 Octobre 2007 - 15:44