Dans Les enfants du paradis de Marcel Carné, Paris se représente comme une scène qui reste essentiellement statique pendant le film, même au cours de plus de six années. Le début du film et la fin du film, ce qui se ressemblent fortement, reflètent cette représentation d’un Paris théâtral qui ne change pas : dans ces deux scènes, on montre la cohue des Parisiennes dans la rue, dont les individus observent les spectacles diverses de la cité. Le film se passe aux endroits habituels ; par exemple, le théâtre des Funambules et la pension de Mme. Hermine, notamment la chambre de Garance, où Baptiste s’enferme plus tard et où les deux font l’amour enfin. Garance, qui a voyagé aux endroits exotiques entre les deux époques du film, prétend qu’elle n’aime que Paris, et que rien n’a changé, même sa propre caractère : elle prétend qu’elle est encore libre et heureuse en jouant le rôle de la maitresse du comte Montray. L’envie de Garance et de Baptiste de rentrer au passé pour effacer leurs regrets leur fait dévaluer son mariage avec Nathalie et leur enfant, que Baptiste ignore à la fin en cherchant Garance.
Pendant le film, il y a une tension entre le silence et la parole, ce qui est montrée plus directement par Baptiste, qui est mime, et Frédérick, qui se sentait suffoqué par l’incapacité de parler aux Funambules. Pour Baptiste, le silence se représente comme une chose préférée, et même nécessaire : Nathalie caractérise Baptiste comme un somnambule qui tombera du toit si on essaie de lui adresser la parole. Baptiste ne peut pas s’exprimer à Nathalie quand elle le trouve avec Garance à la fin, même qu’elle dise que n’importe quelle parole suffit. On peut voir la même manière d’utiliser les mots pour feindre l’amour au cas de Garance et le comte Montray : Garance prétend que dire les mots d’amour le satisfait, malgré l’absence d’amour réel.
Les deux scènes les plus climatiques du film, le meurtre du comte Montray et la découverte de Nathalie de la liaison entre Baptiste et Garance, ressemblent aux pièces du théâtre, car les spectateurs leur sont essentiels. On éprouve le meurtre en regardant la réaction d’Avril, qui agit comme spectateur à la « pièce » de Lacenaire, qui s’est finie avec la mort du comte. L’amour de Baptiste et Garance acquiert un sens nouveau quand on le voit aux yeux de Nathalie, qui lui était parfaitement fidèle pendant plus de six ânées. Pour Nathalie, Garance n’existe pas, même que Garance constitue l’objet du désir ultime pour quatre hommes au film, ce qui montre l’importance à la pièce de l’identité du spectateur.